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jeudi 21 juin 2012

Sur un air d'enchiladas... ou ode à une adolescence

A 15 ans on dit d’ces trucs… J’vous jure.

Si vous m’aviez demandé à mes 15 ans si j’avais déjà goûté à la cuisine mexicaine, je vous aurais sûrement répondu une fanfaronnade du style « ben oui, tu crois que je sors d’où ? De Cucuron ? » (mes excuses les plus plates avec 17 ans de retard aux très respectables habitants de Cucuron – Vaucluse)
en faisant référence à la fois où ma charmante famille d’accueil américaine en Caroline du Nord m’avait emmenée me bourrer de nachos et de pseudo quesadillas au Taco Bell du coin.

Ce qui en gros revient à comparer l’œuvre d’art sertie de son solitaire à 3 carats achetée chez Fred, Place Vendôme par le vieux monsieur distingué qui a partagé 60 ans de vie commune et de crédit/bail emphytéotique/emmerdes avec vous, à la bague de la tirette à 2 francs offerte en se mouchant avec le bras par l’adolescent boutonneux qui partage vos demies journées pédagogiques depuis 47 heures et 35 minutes.

Bon même si depuis ce ne sont plus les demies journées pédagogiques que se partagent les adolescents de 15 ans mais plutôt la compilation de chaque seconde commentée sur le réseau social le plus proche de chez vous, il semble qu’une conversation de ce genre soit toujours d’actualité puisque j’ai surpris pas plus tard qu’hier une réflexion culinaire d’une grande profondeur : un adolescent se plaignant avec morgue de la bonne sauce aux tomates fraiches maison concoctée avec probablement amour et rage par sa mère débordée, et lui préférant « 200 millions de fois la sauce industrielle, parce que ben les vraies tomates c’est quand même trop acide, quoi ».

Ce qui m’amène à 2 interrogations fondamentales quant à la survie future du genre humain :
1)      Quelle a été la composition de la potion magique ingurgitée par l’industrie agro-alimentaire pour avoir le pouvoir de rendre les tomates non acides ?
2)      En décryptant enfin en totalité l’ADN de nos semblables, les chercheurs ont-il été amené à découvrir l’allèle responsable du fléau de l’adolescence ? et si oui, à qui faut-il envoyer le chèque pour en débarrasser sa progéniture ad vitam aeternam ?

Bref, revenons à nos sombreros.

Ayant depuis appris que Taco Bell fait tout sauf ce qui se mange, et que les nachos sont d’origine tex-mex et non mexicaine, la cuisine mexicaine et moi avions été jusque-là comme de lointains cousins issus de germains.
Très heureux de nous retrouver lors de réunions festives en de rares occasions, comme tout particulièrement dans ce très chouette restaurant de Paris 5ème : l’Anahuacalli, qui vous offrait à l’époque – il y a 5 ans déjà que j’ai quitté Paris donc… - un vrai fabuleux voyage gustatif au pays du serpent à plumes) mais en dehors de ça, loin des yeux loin du ventre (bon à part quand je suis saisie d'une furieuse envie de revisiter...)

Et pourtant c’est une véritable pulsion adolescente qui m’a saisie lors d’une de mes visites dans une magnifique épicerie du Monde de la Rue St Michel à Marseille, à côté de la Plaine : une véritable caverne d’Ali Baba de produits culinaires directement importés des 4 coins du monde.

Le genre d’endroit où il est absolument impossible de résister à un brusque accès de Foodista Fever.

Or quand mes yeux se sont posés sur d’adorables petites tortillas d’une dizaine de cm de diamètre j’ai su, que ce soir, la soirée serait mexicaine… ou ne serait pas.
Cependant dans une maison strictement dépourvue de piment jalapeño, de tomatillos, de crème aigre ou bien même d’avocat, un voile sombre a commencé à se jeter sur ma soirée…

C’était sans compter la formidable ressource puisée dans ce retour à l’âge ingrat où je baignais depuis quelques heures.
Qu’avais-je dans mes placards ?
Des haricots rouges, mes fabuleuse petites tortillas, un yaourt nature, un petit-suisse… et de la sauce bolognaise maison.

Oui je sais j’en rougis, mais j’ai osé nous chanter un ode aux Mayas… sur cet air d’enchiladas là : 





Ingrédients (pour 6 personnes)

-          Environ 500 g de bolognaise maison (composée donc de carottes, oignons, mélange de bœuf et porc hachés, tomates, et huile d’olive)
-          12 petites tortillas (de blé ici)
-          500 g de coulis de tomate
-          500 g de haricots rouges en conserve
-          1 yaourt nature
-          1 petit-suisse
-          150 g de fromage râpé
-          De la ciboulette
-       Du chili (mélange des épices suivantes : piment fort, paprika, ail, cumin, origan, girofle)
-          Sel et poivre

Tout d’abord commencez à rallonger un peu votre bolo maison en y incorporant le coulis de tomate et en la refaisant mijoter un petit quart d’heure, et ce sans avoir oublié de lui donner un air de famille en y ajoutant une bonne rasade de chili (si vous aimez quand c’est fort ! sinon 2 pincées suffiront…)

Ajoutez ensuite les haricots rouges égouttés, refaites encore mijoter environ 10 minutes et coupez le feu.

Huilez votre plat à gratin, préchauffez votre four à 190° environ, puis disposez-y les tortillas garnies du mélange « chili/bolo »… (ne croyez pas que ça ne me coûte pas de l’écrire…).
Parsemez de fromage râpé, faites votre maligne en fermant les tortillas trop petites que vous avez remplies jusqu’à la gueule par des cure-dents, couvrez du reste de chili-bolo et enfournez pour environ 15 minutes (jusqu’à ce que ce soit bien gratiné).

Pendant ce temps, mélangez le yaourt et le petit-suisse (vous pouvez ajouter un peu de jus de citron pour le rendre plus « aigre » mais c’était la dèche chez moi ce soir-là…), salez et poivrez, incorporez la ciboulette ciselée et réservez au frais.

Quand les « enchiladas » sont bien gratinées, sortez du four, parsemez de sauce et servez immédiatement…






Que les amis mexicains qui pourraient lire cette recette ne me jettent pas des seaux entiers d’huitlacoche à la tête : comme dans toute forme d’adolescence, la transgression s’accompagne toujours (de façon dormante à l’âge ingrat, puis consciente à l’âge adulte) d’un profond respect pour les valeurs qu’on croit fouler aux pieds…
Donc amis mexicains qui me lirez, cet air d’enchiladas là vous salue bien bas.
Et c’est avec un plaisir immense que je prendrais des cours de cuisine mexicaine de qui voudra bien me les donner.

En tout cas, on s’est régalés.

Je crois bien que j’ai même un peu (beaucoup) mangé salement avec les doigts.

A 30 ans, on fait d’ces trucs… J’vous jure.


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