A l’heure où tout le monde se prépare
à trousser poulardes et à farcir chapons, à concocter des verrines de la mer ou
des bouchées de l’entre deux terres, où les produits nobles tiennent le haut du
pavé, je me rends bien compte que je suis un peu… décalée.
Aujourd’hui une recette toute
simple, une vraie « tu parles d’une recette » comme on les aime ici,
et pas seulement parce que ce sont les seules que j’aie le temps de préparer en
ce moment…
Le labneh et moi c’est depuis
longtemps une grande histoire d’amour… tout comme le zaatar que j’ai déjà
évoqué ici ou ici, il fait partie intégrante de mes coups de cœur culinaires
rattachés au Liban…
Qu’est ce j’aime en lui ?
Tout.
Son onctuosité extrême, sa
fraicheur, son acidité pourtant tout en rondeurs, son petit goût salé qui me
titille délicatement les papilles au point de vouloir tout manger, la façon
dont il habille les autres plats qui composent les mezzé, sa manière unique de
se marier parfaitement avec l’huile d’olive, le cumin et le pain libanais dont
on engloutirait des kilos sans avoir l’air d’y toucher, bref je pourrais
continuer longtemps que je n’en ferais pas le tour de cet amour…
D’ailleurs l’intensité de cette
passion gustative ne peut pas entièrement s’expliquer : comme toutes les
passions, je crois qu’à un moment elle se nourrit d’elle-même… sans aucun lien
avec la réalité du produit…
Après tout, ce n’est que du yaourt
égoutté. Du fromage blanc frais en somme.
Et pourtant, pourtant…
Alors quand on m’a glissé à l’oreille
que je pourrais en faire si simplement à la maison, un univers entier de
possibles m’est apparu.
Il suffisait d’y penser.
Et maintenant je ne pense plus qu’à
ça.
Et ne mange plus que ça.
Mais il parait que quand on aime,
(on) ça ne compte pas.
Ingrédients (pour
environ 400 g de produit fini)
- 1 L de lait entier
- QS de ferments lactiques (ou un
yaourt nature bien sur, je n’en avais plus, et l’amour n’attend pas le nombre
des années ou l’ouverture du supermarché)
- Du sel selon votre goût
- Une passoire étamine (c’est-à-dire pleine
de touts petits trous)
- Un torchon propre
- Une yaourtière
- Un peu de patience
Mélangez le lait entier avec les
ferments ou le yaourt au fouet, puis versez le mélange dans un grand récipient
adapté à votre yaourtière.
Laissez prendre pendant au moins 10
heures, puis une fois le temps écoulé et que vous vous retrouvez avec un kilo
de yaourt, mettez le au frais pendant 3 ou 4 heures.
Passé ce temps là, salez le yaourt
selon votre goût en sachant cependant que plus la quantité de sel est
importante, plus le yaourt va dégorger et donc se faire de plus en plus
onctueux au fur et à mesure de l’égouttage…
Mettez votre passoire ou chinois
dans un saladier assez grand, posée sur une coupelle renversée, puis tapissez la
de votre torchon en coton propre (les mailles du tissu ne doivent pas être trop
serrées sous peine de retenir en excès le petit lait).
Versez le yaourt dans le torchon et torsadez
le torchon en serrant fermement pour former une boule (plus vous serrez fort,
plus vite ça s’égouttera…).
Installez le tout au frais pour 12 h
au moins.
Passé ce temps là, sortez la bête :
votre yaourt tout bête s’est donc transformé en fromage d’une onctuosité
diabolique…
Si vous le saupoudrez de zaatar, si
vous l’accompagnez de hommous et d’huile d’olive vous n’êtes plus dans votre
cuisine… vous êtes sous les cèdres du Liban.
On n’a jamais voyagé à si peu de
frais.
Un grand merci donc à Y. pour m’avoir
soufflé cette idée merveilleuse, et pour son zaatar jordanien pour qui je
commettrai probablement des crimes…
Je vous laisse j’ai le pot à finir,
et une autre brassée à commencer…
La dinde je vous la laisse bien
volontiers…