Je me rends bien compte
que ce billet va être publié un vendredi et non un dimanche, mais
la recette qui suit fait partie des petits bonheurs du quotidien
allant nécessairement de pair avec le fameux jour de repos bien
mérité, un peu emmitouflé dans un châle en observant les
premières brumes de l'automne arriver.
L'attente est un
phénomène étrange, un sentiment que notre état d'esprit peut
manier à pile ou face selon le contexte.
Il y a l'attente pleine
de « in », celle qu'on redoute autant qu'on la craint,
synonyme presque exact des termes suivants : inquiétude, inaction,
instabilité, insatisfaction, inadéquation. C'est l'attente des
résultats du bac, l'attente d'un diagnostic, d'un changement
professionnel peu souhaité. C'est l'attente d'une nuit auprès d'un
enfant dont la fièvre ne veut pas baisser.
Puis il y a cette attente
pleine de « a », celle dont on sait qu'on sortira
vainqueur, au final, celle qui récompense notre patience et qui
évoque : achèvement, accomplissement, apaisement, aboutissement,
avantages. C'est l'attente de l'apéro qui fête les résultats du
bac, c'est l'attente du printemps et des premiers coquelicots (ou de
l'automne pour ceux qui aiment les marrons d'ailleurs), c'est
l'attente d'une naissance, c'est l'attente de « devenir
grand ». Et c'est aussi l'attente apaisée de la levée d'une
brioche dodue et moelleuse, attente d'autant plus sereine qu'on la
sait nécessaire et tellement rémunératrice une fois la brioche
croquée...
A l'aube d'un changement
important, de cette attente-in en ce dimanche un peu voilé, il me
fallait traiter le mal par le mal pour tromper mon angoisse.
Les kanelbullar ont donc
été mon remède : pétrissage (regardé seulement cette fois puisque c'est la
machine qui a bossé...), levée, abaisse, façonnage, cuisson...
autant de temps de pause qui m'ont aidé à oublier ce que
j'attendais.
Et le parfum de la
cannelle chauffée pour couronner le tout, profondément enfouie dans
une brioche fondante. C'était ce qu'il fallait.
Ingrédients (pour
une douzaine de kanelbullars)
J'ai
utilisé comme base de brioche la recette de la brioche roulée aux
raisins de Cathy Ytak, tirée de Pain Maison. Elle est peu
beurrée et assez légère, ce qui va bien lorsqu'on l'utilise comme
anti-stress... (rapport à la quantité ingérée évidemment).
Pour
la garniture, c'était au pif, et j'utilise le terme « kanelbullar »
assez librement pour évoquer ces petites brioches suédoises à la
cannelle. Les miennes n'étaient pas spécialement traditionnelles,
mais c'étaient des brioches et elles étaient à la cannelle. Voilà.
Licence poétique ça s'appelle. Ou autorité bloguesque. Ça dépend
du point de vue, quoi... (Encore un exemple de la relativité en
toutes choses, bah finalement elle n'est pas prête de s'éteindre...)
Si
vous souhaitez des « kanelbullar » plus authentiques, je
vous conseille d'aller voir chez Camille. Bien sûr. Ou d'aller chez Ikéa.
Pour
la pâte à brioche :
- 130 ml de lait
- 350 g de farine T45
- 1 oeuf battu en omelette
- 20 g de levure fraîche
- 1 cc de sel fin
- 40 g de beurre
- 30 g de sucre
Pour la garniture :
- 20 g de beurre fondu
- 70 g de cassonade
- 3 à 4 cc de cannelle moulue (oui j'avais besoin de beaucoup de réconfort...)
- 1 jaune d'œuf délayé dans un peu d'eau pour la dorure
Mettez tout dans la MAP à
part le beurre, préalablement coupé en petites parcelles. Lancez le
programme pâte seule, une fois que le premier pétrissage est
terminé incorporez les morceaux de beurre et laissez faire votre
copine.
Une fois le programme
terminé, sortez délicatement la pâte et appuyez dessus gentiment
pour la dégazer sur un plan de travail fariné.
Étalez là en rectangle,
badigeonnez ce rectangle au pinceau du beurre fondu refroidi, versez
la cassonade en pluie et saupoudrez de la cannelle.
Roulez le rectangle sur
lui même en un gros boudin et découpez le en tranches d'environ 2 à
3 cm d'épaisseur.
Disposez chaque escargot
ainsi formé sur une plaque recouverte de papier sulfurisé, badigeonnez
les de jaune d'œuf et laissez lever 30 minutes de plus à l'abri des
courants d'air et de votre stress.
Enfournez dans votre four
préchauffé à 180° et laissez cuire 12 à 15 min. si vous voulez
des brioches pas trop dorées (c'est mon cas et mon four est très
traître avec la dorure à l'œuf).
Laissez refroidir sur une
grille.
Servez encore tièdes
avec un bon thé le regard perdu sur les gamins qui s'égayent dans
le jardin.
Une fois la brioche
terminée, le dimanche aussi s'achève et la vie reprend son cours
frénétique.
L'attente-in est terminée
également.
On est prêts pour une
nouvelle semaine. Et pour un nouveau dimanche.
PS : pour ceux que ça
intéresse vaguement, il était question d'un retour imminent à la
vie dite active dans ce post là.
Bon ben en fait
j'attendais une réponse essentielle, de celles qui vous disent un
beau : « oui chère madame, vous pouvez avoir une nouvelle
chance ».
Donc en définitive, ce
sera pas si corporate que ça : à 27 ans passés 4 fois, je retourne
ce lundi sur les bancs de l'école.
En CAP Cuisine, formation
pour adulte.
Quant à savoir si c'est
une folie... ou pas, si ce sera bien... ou pas, si c'est le bon
choix, si je serais à la hauteur de mes ambitions pour les projets
dont fourmille ma tête, je crois bien qu'il va encore falloir... Attendre.